Vivre ou revivre, naître ou renaître, il y a mille et une façons de parcourir la route, rencontrer ses compagnons de voyage ou se rencontrer soi-même. Tel un pèlerin d’espérance, chacun chemine en quête de sa propre vérité, de sa propre humanité. Et nul n’en sort totalement indemne...

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A l'ouest du monastère du Mont Sainte-Odile, à l'endroit où la montagne s'avance vers le Herzthal, culminant à 628 mètres d'altitude, d'imposants blocs de grès-poudingue supportent les ruines des châteaux de Dreistein envahies par la végétation.



Les châteaux de
Dreistein en 1912

Le socle sur lequel sont bâtis les châteaux se décompose à première vue en deux sous-ensembles rocheux. En y regardant de plus près, on constate que la partie occidentale est en fait coupée en deux par une faille qui a été colmatée par les bâtisseurs. Le château occidental lui-même est coupé en deux. Il y a donc bien trois rochers et trois châteaux : drey Steinen, le mot Stein, dans le langage médiéval, désignant aussi bien un rocher qu'un édifice fortifié en pierre.

Un premier château... puis un troisième

Aucun document connu ne mentionne l'édification des châteaux de Dreistein, et seules la situation politique d'alors et les recherches archéologiques permettent d'émettre des hypothèses quant à leurs origines.

Le Dreistein occidental fut probablement mis en chantier entre 1220 et 1240, sous la surveillance de Woelfelin de Haguenau (Schultheiss de son état, c'est-à-dire en charge de la justice), pour le compte de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen désireux de protéger ses possessions en Alsace. Vers la fin du XIVème siècle, ce premier burg fut coupé en deux. Agrandissement de la famille l'occupant ou partage du fief, la raison en est inconnue. Toujours est-il qu'un mur épais est alors construit, renforcé au nord par un donjon cylindrique. La partie est du château ne recevra pas de donjon, étant déjà dotée d'un imposant mur-bouclier suffisamment épais pour que son sommet puisse être aménagé en une plate-forme faisant office de tour.

Entre-temps, le site a été remanié : plus à l'est, un nouveau fossé a été taillé dans la roche, isolant de la montagne un nouveau site sur lequel sera construit le Dreistein oriental, probablement entre 1320 et 1330. Mais quel événement a bien pu conduire à l'édification de ce nouveau château qui présente à son voisin, comme pour s'en garantir, un mur-bouclier ?

Deux empereurs pour un seul empire

A la mort de l'empereur germanique Henri VII de Luxembourg en 1313, les princes-électeurs ne parviennent pas à se mettre d'accord : trois choisissent Frédéric d'Autriche, et quatre choisissent Louis de Bavière. En Alsace, la plupart des cités et des seigneurs se rangèrent du côté de Frédéric en raison des liens étroits tissés avec les Habsbourg. Mais à Strasbourg, ville neutre, la puissante famille des Mullenheim décida de soutenir Louis, tandis que les Zorn, leurs ennemis, et l'évêque optèrent pour Frédéric.

En septembre 1322, Frédéric fut fait prisonnier à Mühldorf par son rival. Sommé de renoncer au trône, Louis de Bavière fut excommunié par le pape Jean XXII. Strasbourg refusa de proclamer la sanction et de prendre ainsi parti, Louis comptant de nombreux partisans en Alsace et y possédant de nombreux bourgs. Le frère de Frédéric, Léopold d'Autriche, soutenu par l'évêque de Strasbourg (i), lança une série de raids contre les biens de Louis et s'empara également de quelques possessions castrales des Mullenheim.

Il est donc plausible que l'évêque de Strasbourg, avoué du monastère de Hohenburg, ait fait bâtir le Dreistein oriental, avec l'accord de Frédéric d'Autriche, en face du premier château qui était fief impérial et était par conséquent tenu par un partisan de Louis IV de Bavière. C'est d'ailleurs à la même époque que fut ajouté le mur bouclier du château occidental.

Une première mention dans les textes

Les châteaux, sous l'appellation Schloss zu den drey Steinen, sont mentionnés pour la première fois en 1442 dans une charte par laquelle l'empereur Frédéric III les inféode à la famille Rathsamhausen-Ehenweier, englobant le village disparu de Hohenburgweiler. Dans cette même lettre, l'empereur confirme aux Rathsamhausen leur fief du Waldsberg, ce qui laisse supposer qu'ils possédaient déjà ce château auparavant, parmi d'autres domaines tout autour du Mont Sainte-Odile.

Outre une deuxième confirmation de fief par Charles Quint en 1550, plus aucun document ne mentionne par la suite les châteaux de Dreistein. On ne sait s'ils furent détruits pendant la guerre de Trente Ans ou s'ils avaient été abandonnés auparavant. Peu après la Révolution, le site est devenu propriété privée.

Visite du château

 

A.
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Dreistein occidental
Entrée du vieux château
Logis
Donjon circulaire
Citerne

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Entrée du nouveau château
Avant-cour
Cour
Logis
Mur bouclier

C.
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Dreistein oriental
Puits
Entrée du château
Logis
Donjon circulaire
Fossé

 

Pour accéder au château occidental, on longe la courtine sud percée de quatre archères à niches. L'appareil des murs est constitué de gros blocs à bossages. On gagne par quelques marches un premier palier défendu par ce qui ressemble fort à une barbacane. C'est là l'entrée du nouveau château. Ensuite, un escalier utilisant la brèche du rocher mène dans une petite avant-cour qui précède le bâtiment d'habitation. Au sud de ce bâtiment se trouve une deuxième cour, ajoutée au XIVème siècle.

La défense repose à l'est sur un imposant mur bouclier, construit au-dessus d'une étonnante petite pièce voûtée dont les pierres portent de nombreuses traces de tâcherons. Une porte permet de sortir vers un petit réduit. A cet endroit, une faille du rocher, telle une sorte de passage secret, permet de descendre jusqu'au fossé. Le mur bouclier, tout comme la courtine, devait probablement être crénelé.

Revenons à l'entrée du nouveau château. En contournant l'angle ouest, on parvient à l'entrée du vieux château, protégée elle aussi par une barbacane. Cette entrée voûtée, large, a été remaniée en 1866 lors de travaux de restauration ; elle était à l'origine ogivale. Un escalier donne accès à un bâtiment d'habitation qui occupe tout l'espace.

La façade sud est éclairée par une grande baie dont le remplage gothique a disparu. A droite de cette ouverture, une armoire est aménagée dans l'épaisseur du mur. On devine également dans la maçonnerie au-dessus de la baie l'emplacement d'un arc de décharge qui venait soutenir la voûte. Une large fenêtre dont subsistent quelques traces était ouverte dans le mur ouest. Le mur nord, quant à lui, est totalement aveugle.

Les nombreux corbeaux demeurant sur les murs nous renseignent sur les niveaux des différents étages. Au second étage, une porte (toujours visible) permettait d'accéder au donjon cylindrique, couvert d'une coupole, dans lequel un escalier à vis conduisait enfin à une plate-forme sommital.


(i) L'évêque de Strasbourg mena à cette époque une vaste campagne de fortification, en particulier de villes moyennes comme Benfeld et Dambach.    Retour

Bibliographie :
G. Trendel et Ch. Carmona, Les châteaux des Vosges, Tome II
Ch.-L. Salch, Dictionnaire des châteaux de l'Alsace médiévale, p. 67

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