Situé sur une élévation dominant la vallée de la Thur, entre Kruth et le village dont il porte le nom, le château de Wildenstein fut construit vers 1312, probablement par Pierre de Bollwiller, vassal du comte Ulrich III de Ferrette.
Un axe majeur
Dès le IXème siècle, les chaumes situées au-dessus de la vallée de la Thur sont le siège d'une vie pastorale intense, à quelques kilomètres de l'axe reliant Saint-Amarin au col de Bussang. Fréquentée dès l'époque romaine, cette route devint un axe économique majeur entre les Flandres et l'Italie du Nord après l'ouverture du col du Saint-Gothard vers 1220.
C'est pour s'en assurer le contrôle que pas moins de cinq châteaux furent édifiés, témoins de la rivalité entre les comtes de Ferrette et l'abbaye de Murbach : Vieux-Thann à la fin du XIIème siècle, Thann-Engelbourg autour de 1220-1230, Stœrenbourg-Waldstein avant 1235 sur le versant sud de la vallée à Mitzach, Friedbourg en 1277 (successeur d'un édifice plus ancien à Saint-Amarin), et enfin le château de Wildenstein au début du XIVème siècle.
En 1324, le comté de Ferrette passe dans les possessions des Habsbourg d'Autriche. Déjà ruiné au XVème siècle, le château est racheté en 1536 par l'abbaye de Murbach. Après 1552 et jusqu'en 1568, la forteresse est reconstruite, et probablement modifiée et agrandie. C'est à cette époque qu'est creusé le tunnel d'entrée.
La Guerre de Trente Ans
Le 20
décembre 1631, l'Abbaye de Murbach donne l'ordre au gouverneur de
Wildenstein de mettre en état de défense le château. La garnison se
composait alors de 25 hommes. Un inventaire nous donne la composition de
ce qui se trouvait au château : 6 arquebuses à double crochets, 14
mousquets, 1 longue-vue, 4 hallebardes, 200 boulets de fer, 10 quintaux
de plomb, 3 tonnes de poudre, plus loin 20 quintaux de plomb, 2 quintaux
de mèches, 10 quintaux de fer, 1/2 quintal d'acier, 20 pelles en fer, du
charbon, 80 quarts de farine, 2 quarts de sel, 3 muids (804 litres) de
vinaigre, 8 tonneaux de vin, du fromage, du foin et de la paille.
L'abbaye ordonna d'emmener en plus des arquebuses, des mousquets et 500
boulets. L'avoine et les céréales devaient arriver de Saint-Amarin en cas
de besoin. La garnison du château était portée à 150 hommes provenant
principalement du baillage de Guebwiller.
L'abbaye de Murbach ne pouvant tenir la place sans aide extérieure, elle fait don du château au Duc de Lorraine en 1633. Malgré cela, les Français prendront le château en 1634. Repris l'année suivante par les Lorrains, il sera finalement investi par les Suédois, alliés du Roi de France, en 1646.
Une archive de 1693 nous indique que le château servit ensuite de carrière : des pierres de taille furent prélevées pour reconstruire l'église paroissiale d'Oderen et quelques maisons de Kruth, sonnant ainsi le glas du burg.
Depuis quelques années, le Conseil Général du Haut-Rhin et la Communauté de Communes de la Vallée de Saint-Amarin ont entrepris des travaux de consolidation de la ruine afin de la rendre accessible au public.