Vivre ou revivre, naître ou renaître, il y a mille et une façons de parcourir la route, rencontrer ses compagnons de voyage ou se rencontrer soi-même. Tel un pèlerin d’espérance, chacun chemine en quête de sa propre vérité, de sa propre humanité. Et nul n’en sort totalement indemne...

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Culminant à 584 mètres d'altitude, le Schlossberg est surmonté à son extrémité sud par trois imposantes masses de grès. C'est sur ces rochers que furent bâtis trois châteaux, berceau d'une puissante lignée : le Grand Ochsenstein au sud, de loin le plus important des trois ; au nord, le Petit Ochsenstein ; entre les deux, le Wachelheim, mentionné une fois en 1217, et probablement intégré au précédent par la suite.

La famille Ochsenstein

Si l'on se base sur un document daté de 1265 dans lequel l'évêque de Strasbourg, Henri de Hohengeroldseck, qualifie Berthold d'Ochsenstein de consanguineus, on peut penser à juste titre que les Ochsenstein sont issus de la famille des Geroldseck, à laquelle ils sont en tout cas étroitement liés.

Le premier membre de la famille qui nous soit connu est Burkhard (ou Bourcard) d'Ochsenstein, qui signe en 1187, en tant que témoin, une charte par laquelle l'empereur Frédéric Ier Barberousse confirme les possessions de l'abbaye de Kœnigbruck. L'usage à l'époque voulait qu'une famille prenne le nom du burg que son suzerain lui confiait. On peut donc en déduire que le château existait déjà en 1187.

En 1217, Otton Ier, tombé malade, réunit ses trois fils et règle sa succession : l'aîné, Otton II, héritera du château d'Ochsenstein, appelé der Fels (le rocher), et de toutes ses dépendances ; le second, Eberhard, succédera au défunt Bertold de Wachelheim, en remplissant les obligations de ce dernier, notamment de résider au château dont il a la garde ; le troisième, Conrad, recevra le château de Griffenstein, mais devra en laisser l'usufruit aux nobles de Griffenstein. Otton Ier ne mourra finalement que vers 1241, en laissant six enfants, dont deux fils entrés en religion et une fille, Adelaïde, qui épousera Bernard de Scharrach.

Otton II épousera Cunégonde, sœur de Rodolphe de Habsbourg, lequel sera élu Roi des Romains en 1273, mettant fin au Grand Interrègne. Grâce à ce mariage, les Ochsenstein fréquentent les familles les plus influentes de l'empire et bénéficient des largesses royales. Leur patrimoine va s'agrandir considérablement, notamment sur le cours de la Mossig avec Marlenheim et en Moyenne-Alsace avec Barr.

Otton III, un personnage turbulent et versatile

Ayant prouvé son courage et sa fidélité lors des campagnes de son oncle Rodolphe, Otton III, le fils d'Otton II, fut nommé Landvogt (bailli provincial) en Alsace et en Brisgau en remerciement de ses loyaux services. D'abord zélé serviteur des Habsbourg, Otton III se fit bien des ennemis, parmi lesquels l'évêque Conrad de Lichtenberg et Guillaume de Hohenstein.

En 1284, profitant de l'absence d'Otton III, résidant dans la Pfalz de Haguenau (demeure du Landvogt), Guillaume de Hohenstein et l'évêque de Strasbourg attaquent le château d'Ochsenstein (d'après la chronique de Herzog, il s'agirait du Petit Ochsenstein) et en chassent les Burgmanner (les Dietrich, Vogt de Wasselnheim). Le château, probablement détruit par le feu, sera reconstruit rapidement par Otton III.

A la mort de Rodolphe de Habsbourg en 1291, faisant fi de sa parenté avec les Habsbourg, Otton III se met au service d'Adolphe de Nassau au lieu de soutenir le duc d'Autriche. Il mènera même le siège de l'Ortenbourg et fera édifier en 1293 la tour forte du Ramstein. Puis il change subitement de camp, et rallie les Habsbourg. Le 2 juillet 1298, devenu porte-bannière d'Albert, il mourra étouffé dans son armure.

Après l'assassinat d'Albert de Habsbourg en 1308, les Ochsenstein perdent momentanément leurs charges royales, jusqu'au retour au pouvoir des Habsbourg en 1315. Otton IV est alors nommé Landvogt d'Alsace et du Speyergau, et s'installe à Landau. Otton IV meurt en 1327.

A la mort d'Otton V, successeur d'Otton IV, éclate une querelle familiale au sujet de l'héritage. Le château fut reconnu par la commission d'arbitrage à Otton VI, dit Ottemann, et à son frère Rodolphe : la seigneurie d'Ochsenstein étant un fief masculin relevant de l'évêché de Metz, leur soeur Adélaïde, comtesse de Tibingen, ne pouvait avoir de prétention sur celle-ci. Otton VI rendra d'ailleurs hommage à l'évêque de Metz en 1378.

Déclin et destruction

Depuis la deuxième moitié du XIIIème siècle, les Ochsenstein résidaient plus volontiers dans leur demeure de Strasbourg (laquelle occupait une partie de l'emplacement de l'actuelle mairie). Les châteaux étaient occupés par des Burgmanner et quelques domestiques, et leur entretien devait être assez négligé, comme la plupart des châteaux vosgiens aux XVème et XVIème siècles.

La fin du XIVème siècle marque le début du déclin des Ochsenstein. Rodolphe d'Ochsenstein se laisse entraîner dans de multiples conflits. En 1382 (la chronique de Königshoven avance aussi la date de 1370), la ville de Strasbourg s'empare du château et y place une petite garnison. Mais le jugeant trop coûteux à entretenir, elle préférera finalement le détruire. Il sera reconstruit une nouvelle fois en 1385. Les textes ne précisent pas s'il s'agissait du Petit ou du Grand Ochsenstein, mais les moyens financiers de la famille n'auraient sans doute pas permis de reconstruire aussi rapidement le grand château.

Rodolphe, qui a épousé Cunégonde de Geroldseck, est en effet criblé de dettes. De plus, fait prisonnier lors d'une bataille livrée aux côtés du prince électeur Robert Ier, il doit vendre une partie de ses biens pour payer sa rançon. Il espérait que le prince le rembourserait, mais celui-ci n'en fit rien, et Rodolphe, finalement fâché avec Robert II, dut céder à ce dernier divers biens, dont un quart du château d'Ochsenstein, afin de rétablir la paix. Robert II fit même signer une promesse aux trois enfants de Rodolphe afin que ceux-ci ratifient la cession à leur majorité. Il est donc peu probable que le prince se fût ingénié de la sorte à s'assurer la possession d'une partie du château si celui-ci avait été en ruine.

Rodolphe meurt en 1400. Trois ans plus tard, Frédéric, son fils aîné, signe avec ses deux frères entrés dans les ordres un accord sur le partage des frais d'entretien des châteaux d'Ochsenstein. En conflit avec le margrave de Bade, et malgré l'arbitrage de Hanemann II de Deux-Ponts-Bitche (ou Zweibrücken-Bitche) dont il a épousé la fille Elsa, Frédéric se voit obligé de céder au margrave et à son fils Jacob la moitié du château d'Ochsenstein (sans sa garnison). Cette part devait être rendue à Frédéric à la mort du margrave, mais c'est Frédéric qui mourut le premier, le 17 octobre 1411, sans enfants.

Une propriété morcelée

Héritier de son frère Frédéric, Volmar obtint l'autorisation de quitter les ordres et épousa Adélaïde de Hohengeroldseck, qui lui donna deux enfants. Mais les relations entre les Ochsenstein et le margrave de Bade étaient toujours aussi tendues. Afin de déjouer la mainmise du margrave, Volmar accorda le droit d'ouverture du château d'Ochsenstein à l'électeur palatin Louis IV de Lichtenberg, en échange de l'engagement de ce dernier à prendre les armes en sa faveur dans le cas où le margrave viendrait à lui déclarer la guerre.

En 1412, Volmar avait déjà donné le quart du château à Louis IV de Lichtenberg. Pour aider son frère Jean, qui brigue le titre de prévôt du grand chapitre, Volmar cède à l'évêque de Strasbourg, Guillaume de Diest, la moitié du château (lequel relève toujours de l'évêque de Metz, suzerain du burg), part qui devra retourner aux Ochsenstein à la mort de l'évêque. Ce pot de vin fait son effet : Jean est nommé prévôt.

En 1426, à la mort de Volmar, la maison d'Ochsenstein passe aux mains de son fils Georges, encore petit enfant. Jean d'Ochsenstein, alors au sommet de sa carrière, sera son tuteur en attendant sa majorité (1442). Georges, à son tour, se lance dans divers conflits. Allié des Linange contre les Lichtenberg, dont il revendique certains domaines de par sa mère, il est fait prisonnier lors de la bataille de Reichshoffen le 5 juin 1451, et se retrouve au fond d'un cachot au château de Lichtenberg, d'où il sera libéré en 1454. En 1471, il s'engage dans une guerre féodale contre les Fleckenstein, et se retrouve à nouveau emprisonné, cette fois au château du Fleckenstein.

La fin d'une grande lignée et d'un château

En 1485, sa santé tout aussi éprouvée que la fortune de sa maison, Georges meure pendant une cure à Heidelberg, sans héritiers directs. Les biens des Ochsenstein passent alors à sa sœur, Cunégonde, épouse du comte Henri Ier de Deux-Ponts-Bitche. Mais Guillaume de Ribeaupierre, faisant remarquer que le fief d'Ochsenstein est un fief masculin, parvient à en obtenir l'investiture auprès de l'évêque de Metz. En 1490, Henri II de Deux-Ponts-Bitche fera jouer ses relations afin que l'évêque se rétracte et lui confie la seigneurie avec le château.

Dans une situation financière difficile, Georges de Deux-Ponts-Bitche engagea en 1527 la seigneurie d'Ochsenstein à Ulric de Rathsamhausen-zum-Stein. C'est ainsi que le château, décrit comme vétuste, passa à Anne de Rathsamhausen qui l'apporta en dot à son époux Sébastien de Landsberg. Le couple s'installa au château.

En 1555, Jacques de Deux-Ponts-Bitche reprit en main les destinées de sa famille. Il racheta l'engagère et entreprit d'importants travaux de rénovation du château, dont probablement l'adaptation des défenses aux armes à feu. Au seuil de l'hiver 1559, alors que le comte s'apprêtait à passer quelque temps au château, le feu prit dans des tentures et réduisit la forteresse en cendres.

A la mort de Jacques en 1570, le comte Philippe V de Hanau-Lichtenberg hérita des ruines, ce qui provoqua de vigoureuses protestations de la part des Linange-Westerburg. Ceux-ci portèrent l'affaire en justice, et ce n'est qu'en 1609 qu'un arrangement fut trouvé entre les deux parties.

Entre-temps, le château et la ferme du Haberacker située à ses pieds sont passés à l'évêque François-Egon de Furstenberg. La seigneurie sera reprise en 1703 par le comte Reinhard III de Hanau-Lichtenberg, puis passera aux Hesse-Darmstadt en 1736. Au début du XVIIIème siècle, les ruines du château servirent de carrière pour construire un rendez-vous de chasse à côté de la ferme du Haberacker, qui croula à la fin du siècle suivant.

Visite du château

 

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Base du rocher
Mur sud
Basse cour
Tour semi-circulaire
Corps de garde

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Entrée du château
Cuisines
Logis
Donjon pentagonal
Logis
Chapelle castrale

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Bâtiment polygonal
Citerne
Fossé nord
(accès au Wachelheim et
au Petit-Ochsenstein)

 

Bibliographie :
G. Trendel et Ch. Carmona, Les châteaux des Vosges, Tome III
Ch.-L. Salch, Dictionnaire des châteaux de l'Alsace médiévale, p. 227

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